Parure, 2016, en écho à l’ouverture de Coriolan de Beethoven
Parure est un tableau abstrait qui prend progressivement vie tout en contrastes et éruptions de couleurs chaudes, en écho au jaillissement du feu de l’esprit par la musique, manifeste dans l’héroïsme tel que le concevait Beethoven. Les formes se détachent sur fond noir, dans un jeu de contrastes forts, pour mettre en lumière le destin tragique de Coriolan et celui de son compositeur. Le titre Parure évoque l’ornementation, et à l’image apparaissent des effusions de lumières et de d’éclats, formes scintillantes, matières flamboyantes, jeux de transparence et d’opacité. Toutes les images sont les éclats qui composent la parure de l’artiste et traduisent une manière poétique d’habiter le monde en transfigurant le réel.
Elles ont été réalisées en filmant les lumières d’une rue de la ville de New-York depuis la fenêtre du loft où j’ai vécu quelques mois, par l’ajout au moment du tournage de filtres en verre simples, révélant ainsi des formes lumineuses étranges et nouvelles. La frénésie continue de la ville est une rumeur pour l’observateur isolé, transformée en une effusion de couleurs sous le prisme de l’artiste. Ce feu passionné et ardent présent à l’image animait Beethoven, compositeur dont le caractère est décrit comme notamment, à la fois solitaire, combatif, exalté et romantique, et dont la volonté fut, sa vie durant, de dépasser les limites imposées, aussi bien physiques que sociales.
Fire Island, 2016, en écho à l’ouverture du Vaisseau Fantôme de Wagner
Fire Island est une île située dans l’état de New-York, balayée par les vents, avec des dunes de sable le long d’une immense plage sauvage. C’est un bout du monde dans lequel un sentiment d’absolu nous envahit, un paysage qui s’adresse à l’âme.
La vidéo s’ouvre sur des images tournées sur les plages de Normandie, pour nous emmener ensuite de l’autre côté de l’atlantique sur cette île, où l’on suit une femme (interprétée par Pauline Keiflin) qui, à la fois se révèle, et échappe sans cesse au regard, dans un va-vient en écho à celui des vagues, comme une figure incomplète, sous un voile, une apparition issue d’un rêve. Elle est cette île, l’agitation des éléments est le miroir de son être secoué par les vagues. Elle n’est pas Senta, le personnage féminin du Vaisseau fantôme de Wagner, mais une incarnation de différents thèmes de cet opéra. Elle cristallise le désir, l’attente et l’errance de la légende du hollandais volant. Le paysage occupe une place centrale, tout comme le corps dans le paysage, une référence directe au romantisme allemand, notamment en peinture à l’oeuvre de Caspar David Friedrich.
De la couleur au noir et blanc, on effleure l’issue sombre de l’opéra de Wagner, tout en glissant vers des images au caractère plus cinématographique, qui évoquent certaines icônes féminines des films des années 60, tout en proposant un regard à la fois singulier, emprunt de poésie et résolument contemporain.